[Pv CaptainSpoon] Tout le malheur d'être une femme

Il y avait aux pieds des remparts de la citadelle une auberge connue pour n'être fréquentée que par des femmes. Il courait, sur les habituées et la patronnes, des rumeurs choquantes d'homosexualité, mais cela n'avait jamais été vérifié, et n'empêchait pas la plupart des impériales et ajanides respectables et excentriques d'y venir de temps en temps. La nourriture y était bonne : on s'y gavait de poule, la grande spécialité de la maison. Le prix était en outre abordable : 7 galions pour un déjeuner plus que consistant, Nora, qui y allait dès qu'elle ne savait pas quoi ni où manger, s'y rendit sans prendre garde à l'endroit où la menaient ses jambes. Elle mangea seule, mais l'ambiance décontractée qui régnait entre toutes ne lui laissait pas le loisir de se croire réellement solitaire. Une fois son gratin de poule et de pommes de terre à la crème de rhubarbe englouti, elle reparti d'un bon pas en direction du plus grand et somptueux bâtiment de la citadelle ; hormis le beffroi impérial ; le palais des commissions, où la commission de la Mission Impériale d'Ajan occupait près de 8 pièces sur 10.

Ici, le pavé était plus sombre que dans Widwall même, et les bâtiments allaient de la brique d'argile pour les moins nobles aux riches bâtisses de meulière, rehaussée de large moellons de grès aux coins. La ville allait ainsi entre le sable et le rouge brique, aux allées d'arbres étriquées, comme si ont eu voulu faire rentrer dans l'étroite enceinte de la Citadelle toutes les rues de Celestis avec leur grandiose. Les voies en étaient si étroites entre les arbres et les jardinières florales qu'il était à peine possible pour les calèches de passer, et on se sentait comme au fond d'une immense boîte, car les maisons étaient si hautes et si entassées malgré leurs belles façades qu'on eut dit qu'elles avaient été jetées là puis tassées dans cette cantine de roche polie que formait le très haut mur d'enceinte. L'humidité obscure qui régnait dans les rues profondes comme des gorges de montagnes restait propre grâce à un égout perfectionné. Toutes les maisons cossues, elles, avaient de hautes tours où vivaient les plus riches profitant de la vue imprenable que leur offrait la colline de la citadelle tout en profitant du soleil ; car il ne brillait au fond des rues que courtement tant les bâtiments étaient accolés et hauts.

Nora n'attendit pas très longtemps après s'être faite annoncer à Midges, qui la reçut avec une courtoisie professionnelle. Il portait une longue crinière d'un blond profond, grisant par endroit sans pâlir, soigneusement peignés, ondulés et frisottant aux mèches. Son visage un peu âgé mais toujours racé était virilisé par une épaisse moustache en fer à cheval qui masquait un peu sa large bouche. Au dessus d'une chemise de soie d'un blanc immaculé, un gilet de tweed fin d'un bordeaux profond rehaussé de surpiqûre d'or, qui rappelaient à l'oeil la chaînette d'or elle-aussi de son montre à gousset, plaquée dans la poche du gilet. Une lavallière rouge sang soigneusement nouée étaient coincée sous le premier bouton du vêtement, bouffant savamment sous le col pointu de la chemise ; elle même légèrement bouffante sur les bras. Un pantalon à pince droit, d'un bordeaux tendant vers le noir, ceint de cuir castor descendait sobrement jusqu'à une paire de bottines ; castor elles aussi ; basses à talonnettes fermées chacune par trois ceintures. Un cache poussière, dont la couleur était encore un peu plus sombre que celle du pantalon, pendait à un cintre sur le porte-manteau subtilement décoré à l'entrée de la pièce. Le style sobre et majestueux du personnage était pimenté par le pistolet à percussion d'ordonnance posé sur la table, d'une facture si fine et si robuste qu'il devait avoir été général de brigade sinon général de division. Il inspecta la jeune femme d'un air sévère et attentif pendant une seconde.

"Est-il possible que vous m'annonciez une bonne nouvelle si tôt ?" dit-il, presque à titre de menace.

Arsène fut surpris, d'une surprise mitigée. Agréablement surpris par la rapidité d'exécution de la jeune femme, même s'il ne s'agissait que de la première étape, et de son ingéniosité, mais aussi irrité par sa requête. Bien qu'il retournât la question, il savait pertinemment qu'il ne pouvait pas dire non, et que la jeune femme se ferait de l'argent sur le dos de l'Empire, outre l'illégalité totale de la transaction. Bien qu'il eut su pertinemment que ce genre de basses-besognes engendraient toujours son lot de corruption, et que c'était bien nécessaire à leur réussite, il était, instinctivement, réticent à l'idée de commencer dès le premier jour à magouiller comme le dernier des pégreux. Après cet instant de réflexion, il se dit intérieurement que cette voie ferrée en valait bien la peine, et que la pègre simienne pouvait peser bien plus qu'elle ne le faisait actuellement, si on l'y aidait un peu.

"Je vous propose un marché... finit-il par répondre, je conçois que votre entreprise requiert ce genre de sacrifices ; qui n'en est probablement pas un pour vous ; mais je ne puis me résoudre à céder si facilement. Disons que vous nous achetez cette marchandise, ainsi l'Empire en sera quitte."

(Jet de Intelligence + Loi Impériale difficulté 13)

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#1 'Dé 10' : 2

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#2 '2ème D 10' : 7

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#1 'Dé 10' : 8

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#2 '2ème D 10' : 7

Le visage de l'impérial tressauta pendant une longue seconde, puis il fit un pas en arrière, son regard fuyant obstinément la poitrine généreuse de la jeune femme. Il finit par se retourner dans sa gêne, se redressant et posant les poings sur ses hanches. Il ne prenait visiblement cette tentative de séduction que comme un moyen de le désarçonner... pour le moment.

"Je vous en propose 2 zodiacs pour de quoi fumer une pipe... ça devrait suffire comme échantillon ? Vous aurez besoin d'en fournir de véritables quantités ?"

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#1 'Dé 10' : 5

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#2 '2ème D 10' : 6

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#1 'Dé 10' : 3

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#2 '2ème D 10' : 9

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#3 'D2' : 1

Le magistrat se retourna vivement, saisissant que l'allusion n'était pas qu'une technique de marchandage. Il l'inspecta de pied en cape, campé sur ses deux jambes, les bras croisés, l'air tendu. Pas que l'air. Il balaya les fantasmes lubriques qui tournaient autour de lui de sa main droite, inspira profondément, un peu agacé, et céda : "Bien, bien, je vous laisse de poignée à un zodiac, tenez, je vais vous faire une autorisation officielle... vous irez au bureau des saisies... juste derrière celui des juges... ah voici, prenez ce papier. Ensuite, ce sera votre affaire, et je ne veux plus en entendre parler avant d'avoir des résultats. Vous pouvez acheter autant que vous voulez, mais la maison ne vous fera pas crédit. Allez donc ! Bonne chance, et servez bien l'Empire", débita l'homme en lui écrivant, puis en lui tendant un morceau de papier griffonné et scellé par sa chevalière à la cire rouge. Il la raccompagna à la porte de son bureau en lui imprimant une pression galante mais ferme dans le dos, et il ferma la porte promptement quand elle fut dehors.

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#1 'Dé 10' : 3

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#2 '2ème D 10' : 9

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#3 '3ème D 10' : 5

(Perruque de rang Expert (4) )

La journée avait défilé sans qu'elle y prit attention, et il était plus que temps de se préparer. Deux heures plus tard, Nora avait disparu sous les traits hautains et ajanides de Mademoiselle Von Rattlesby. Cette dernière fila directement, avec un petit paquet qui alourdissait son sac à main, chez Homok. Comme ce dernier le lui avait indiqué, elle se présenta derrière, et un valet vint ouvrir sans poser de questions. Elle repassa entre les arbres immenses et monta le petit escalier en pierre à rampe de bronze qui menait par l'extérieur à l'étage où était le bureau d'Homok. Le pégreux l'accueillis avec un sourire incrédule, comme s'il s'était attendu à ce qu'elle se défile.

"Mademoiselle Von Rattlesby, avez vous un échantillon ?"