[Pv CaptainSpoon] Tout le malheur d'être une femme

La matinée était bien avancée ce jour-là, lorsque deux coups secs et rapides résonnèrent dans l'appartement de Nora. Lorsqu'elle se décida à aller ouvrir, elle trouva une lettre passée sous sa porte, un pli propre et soigneusement scellé à la colle. Elle ne vit personne par le judas : le coursier n'avait pas attendu, ni pour préciser quoi que ce soit, ni pour obtenir une compensation pécuniaire. Seuls les impériaux ne prenaient pas le temps d'empocher une piécette.

Lettre a écrit:À l'intention de la résidente du 94 av. Dr Mallard


Fait à la Citadelle de Widwall, le 17 Août 288



Madame,

Sur  conseil du duc de Harsault, je m'adresse à vous,

Cette épître faisant foi contre ma parole comme Acte de Mission,

Sur l'instance officielle du Ministre délégué aux Affaires Ajanides,

Je vous donne l'ordre officiel d'entamer la recherche et le recrutement d'appuis dans la société simienne de Widwall prêts à apporter leur soutien à l'Empire lors des négociations avec les dignitaires ajanides pour l'obtention d'une Permission Officielle de prolonger la voie ferrée partant de Celestis et s'arrêtant à Gawnth jusqu'à l'enclave impériale de la Citadelle de Widwall.

Votre rémunération s'élèvera à treize cent galions, sous réserve que votre tâche soit accomplie et n'entrave en rien les autres Affaires Impériales.

Que l'Empire vive


Arsène Midges, Commissaire Général des Missions Impériales d'Ajan

Pour réussir à lire la lettre : jet d'intelligence + lire/écrire impérial difficulté 11.

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#1 'Dé 10' : 10

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#2 '2ème D 10' : 7

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#1 'Dé 10' : 8

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#2 '2ème D 10' : 2

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#3 '3ème D 10' : 5

Pour cela, elle dut d'abord travers la ville haute, ou personne ne fit réellement attention à elle, sinon quelques messieurs galants qui se découvraient en souriant à son passage. Ici, entre les hauts murs de pierre blanchie au lait de chaux, elle était une femme parmi les femme, une mondaine parmi les mondaine. Dès lors qu'elle sortie de l'enceinte, les regards se faisaient moins familièrement polis, tantôt emprunts d'un respect de la classe supérieure, symbole de réussite, tantôt assombris de la jalousie du bas peuple. Les commerçants lui faisaient des courbettes, les petits bourgeois se retournaient à son passage et les autres s'écartaient de son chemin. L'atmosphère changea du tout au tout lorsqu'elle pénétra dans le quartier simien : ici, la familiarité insolente et l'indifférence amusée régnaient sur les visages aux traits épais et sombres. Il n'était pas rares que des grandes dames ou de grands messieurs descendent chez eux, même si cela restait occasionnel. Sa promenade dans le quartier simien ne fut pas sans croiser des individus louches...

(Jets de Perception + Evaluer Quelqu'un difficultés 13, 17 et 26 pour jauger les trois simiens rencontrés sur la route)

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#1 'Dé 20' : 14, 16, 8

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#2 'Dé 10' : 7, 6, 8

(Je ne te dirai pas à quel pègreux correspond quel dé !)

Parmi eux, l'un semblait être une simple petite frappe, le deuxième rabattait des clients pour une fumerie d'opium, et le dernier semblait être un véritable chef de gang : costume, monocle et cigare.

Le gros simien la regarda de ses yeux injectés de sang, l'air de ne pas comprendre, puis son visage s'éclaira un instant avant de se plisser avec contrariété : "Madame je ne vois pas de quoi vous parlez ! Je reviens de la bourse simienne, je n'ai pas de temps à perdre avec vos sottises !" Il se remit en marche en grommelant qu'il était un honnête homme et que ces ajanides arrogants étaient vraiment trop bêtes, laissant la jeune femme seule, coupant court à son embarras.

(Nora prend un point de Stress)

Ce simien était bien plus réceptif que l'autre. Il comprit immédiatement le sous-entendu et sourit avec malice à la jeune femme. D'un geste de la main, il l'invita à venir voir par elle même à l'intérieur, passant ainsi juste derrière une vieille simienne desséchée. À cinq mètres de la porte, une odeur corsée d'opium consumé emplissait déjà les poumons de Nora d'une vague félicitée. À l'intérieur, une chaleur sèche et saturée d'arômes assaillit la jeune femme. Un tapis usé à la couleur indéfinissable se déroulait entre les alcôves dressées par des paravents de bois sombre. D'épaisses tentures dans des tons verts sombre aux motifs simiens tapissaient tous les murs, et des rideaux presque opaques dans le même vert que les feuille d'Août filtrait la lumière aux fenêtres. L'ambiance tamisée, feutrée, dans laquelle flottaient de placide volutes de fumée couvait des hommes et des femmes, humains ou simiens, assis sur des poufs ou allongés sur des banquettes, fumant la pipe ou le narguilé, tous plus ou moins ivres et inertes sous l'emprise douce et irrésistible de la drogue. Déjà, le petit singe essayait d'entraîner la jeune femme par le poignet, avec un délicatesse galante insoupçonnée : "Madame, j'ai de l'excellente qualité et des alcôves magnifiques à l'étage, aux décors de jade somptueux, venez donc !"

Le petit simien plissa ses yeux, crevant ses tempes de profondes rides qui lui donnait un air de concentration intense dans la fourberie la plus totale. Son pouce passa plusieurs fois sur son menton aux poils clairsemés, mais il fini par se décider, et traîna la jeune femme sans ajouter un mot vers une grande porte en bois plein, vernie comme au premier jour. Il la poussa, et se glissa à l'intérieur sans laisser à Nora le temps de le rejoindre. Il reparut quelques dizaines de secondes plus tard, et ouvrit la porte en grand cette fois.

L'infiltratrice pénétra dans un grand bureau. La décoration n'avait rien à voir avec celle du reste de l'établissement : de hautes fenêtres à remplages, de la pierre grise polie, des boiseries de noyer et de merisier, des dorures, dans le plus pur style gothique rayonnant, tout en hauteur, tout en majesté. Assis dans un fauteuil en cuir d'agneau, en costume simple et élégant, un orang-outan aux yeux pétillants de malice souriait placidement à la jeune femme. Il lui fit un lent geste lui désignant à la fois de s'approcher et de prendre place sur l'un des tabourets somptueux qui faisaient face à son bureau. Elle s'exécuta.

Il engagea la conversation sur un ton mesuré : "Vous êtes donc fournisseur potentiel ? Les ajanides produisent de l'opium désormais ?"

Le visage du simien se décomposa, lui qui avait l'air si bonhomme. Une expression contrite qu'il ne pouvait surmonter ou retenir indiquait clairement que l'idée d'avoir d'aussi gros concurrents sur le marché sensible de l'opium ne lui était pas agréable. Que le raffineur produise, comme lui, et qu'il vende à d'autres personnes que lui ou même pire se mettre à vendre lui même était un gros manque à gagner pour son organisation. Il prit une grande inspiration : "Vous savez que, chez nous, on ne plaisante pas avec les monopoles... et que j'ai le monopole de l'opium... si vous voulez que nous nous entendions, il faut m'expliquer plus avant ce que votre père fabrique, ou, et à qui il vend."

(Jet de Charisme + (Compétence appropriée parmi : Eloquence / Manipuler / Marchander) seuil de 17pour calmer les inquiétudes du parrain)

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#1 'Dé 10' : 3

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#2 '2ème D 10' : 4

Le fils de Xon'Bal eut l'air de ne pas y croire, mais il s'adoucit tout de même : "Bon, à voir, sachez tout d'abord ; et informez votre père ; qu'on ne double pas un simien, on le prévient toujours en avance, sinon, c'est prendre de gros risques. Puisque nous en sommes là, si vous nous ameniez, à l'occasion, un petit échantillon de votre marchandise ? Et, tant qu'on y est, auriez vous d'autres intérêts, pour la prostitution par exemple, le commerce d'alcool, celui d'objets occultes, l'édition de livres censurés, ou quoi que ce soit répondant à nos critères d'illégalité ?"

Enfin son visage redevint serein, il sourit, et serra sans brutalité la main de la jeune femme. Il lui tendit aussi sa carte : il se nommait Homok. Il fut convenu qu'elle reviendrait dans le lendemain, dans la soirée. Le simien raccompagna lui même Nora jusqu'à la porte de derrière, qui donnait directement sur un jardin réservé au Xon'Bal, dans lequel deux gigantesques arbres exotiques prenaient racine. Un petit chemin pavé qui serpentait entre les deux titans végétaux menait à une porte solide donnant dans le mur d'enceinte : Homok tira le loquet et pria la demoiselle de passer.

Maintenant, il fallait trouver ladite marchandise.